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 L'héritier

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MessageSujet: L'héritier   L'héritier Icon_minitimeMer 2 Avr - 9:57



La nuit tomba lentement sur l'Hopital des Sorciers de Saint Mangouste. Avec elle, la douce lumière de la Lune blanche et un silence tranquille. L'ambiance y est paisible, tout a été fait pour que les patients s'y repose au mieux. Les infirmiers et docteurs erraient d'un pas légèrement trainant, fatigués de leurs longues heures de soin. Les lieux sont propres, immaculés, conçus pour chasser et purger tout mal. Et pourtant.

Un bruit de pas se fit entendre dans un des couloirs de l'aile Est. Rythmé, franc et droit, les sons répétitifs de talons sur le sol raisonnaient lugubrement dans le silence brisé. La démarche n'était ni celle d'un médecin, ni celle d'un patient en vadrouille ou d'un visiteur incertain, mais celui d'un homme avec une ambition claire.

La porte d'une des chambres d'ouvrit, laissant découvrir à la lueur de la Lune, un visage creusé par les rides et blanc comme la Mort. Ses yeux, d'un vert sombre, brillèrent dans la pénombre de la chambre et se posa directement sur le petit garçon allongé là. L'homme s'approcha et contourna le lit, d'un pas plus lent mais néanmoins fluide.

Lorsque la silhouette noire sortit sa baguette de sa cape de satin noir, la tenant dans ses doigts veillis et secs, on pouvait définitivement croire que la Mort en personne ait décidé de rendre visite à Elliot Rosier pour terminer sa turbulante existence.

La baguette tournoya dans l'air, puis, l'homme s'assit simplement sur le fauteuil d'argent et de velour qu'il venait de faire apparaitre prêt du lit. Le silence reprit place et, pendant un long moment, pas un son ni un geste ne vint briser cet étrange tableau.

- Elliot.

Le prénom du patient vint enfin briser le silence. La voix de celui qui le prononça était froide, directe, hautaine tout comme sa démarche et pourtant, on pouvait percevoir que ce nom n'était pas n'importe lequel.

- Quelle étrange histoire. Qu'elle étrange vie. N'est-ce pas ? continua la voix d'un ton un peu plus détendu. La silhouette croisa les jambes, s'adossant plus confortablement dans son fauteuil.

- J'admets avoir participé à ton tourment. Mais j'admets aussi ne pas avoir anticipé toutes les conséquences de ma décision. Les choses étaient différentes autrefois. La guerre... La Mort...

Le silence retomba à nouveau. Seule la respiration reposée de l'enfant endormi la rythmait. Les minutes passèrent.

- Certains t'ont sûrement dit que je ne tolérais pas l'échec. Et c'est vrai. Je ne tolérais aucun échec. Mais n'ai pas peur cher enfant. La Mort a été mon plus grand échec mais ne sera pas le tien.

- Qui est-là ?

Cette fois ce fut l'arrivée d'un infirmière qui brisa la discussion de l'homme. Elle alluma une douce lumière orangée plus convenante aux yeux que celle aveuglante et blafarde que celle utilisée dans les salles d'opération.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle sans parvenir à cacher le fond de panique dans sa voix. Les visiteurs étaient interdits à partir d'une certaine heures et l'hôpital Mangouste avait des mesures spécifiques pour empêcher les intrusions. Pourtant l'intrus ne semblait avoir eu de difficulté à entrer, et ne semblait pas gêné d'être prit en flagrant délit.

- Les visiteurs ne sont pas autorisés après minuit, monsieur. Précisa l'infirmière lorsque l'homme n'eut pas plus de réaction que de la regarder avec un fin sourire. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua à quel point l'homme était pâle et à quel point son visage, bien que similaire à celle d'un homme de quarante ans ordinaire, avait quelque chose de dérangeant, d'effrayant. "Est-ce que vous allez bien ?" voulu-t-elle demander mais les mots se perdirent dans sa bouche.
- Qui êtes-vous ? répéta-t-elle, cette fois clairement intimidée et méfiante.

- Mon nom est Evan Rosier. annonça-t-il calmement avant de se relever de son fauteuil et de le faire disparaitre d'un nouveau mouvement de sa baguette magique longue fine et noire comme l'ébène.

- Le père ? M-mais... On m'a dit que vous étiez... Que vous étiez mort.
L'infirmière mesurait ses paroles mais personne ne lui avait réellement dit quoi que ce soit. Elle le savait et tout le monde le savait , Evan Rosier était mort pendant la guerre, il n'y avait aucun doute là dessus. Pourtant l'homme qui se trouvait devant elle prétendait être cet homme, et n'avait pas l'intention de fournir plus d'explications. Son sang se glaça lorsqu'elle vit alors un sourire amusé prendre place sur ses lèvres fines et livides.

- Et bien. Quelqu'un a dû faire une grossière erreur. répondit-il simplement.

Puis, sans autre forme de salutation, il se dirigea vers la porte. L'infirmière ne fit aucune remarque, bien soulagée qu'il s'en aille. Elle sursauta légèrement lorsque ce dernier s'arrêta soudainement dans l'encadrement de la porte. Il tourna un regard vers l'intérieur mais passa outre la jeune femme pour poser ses yeux sur le jeune garçon encore endormi.

- Tu vivras, mon fils. La Mort est tranquille, ne lui court pas après avec tant d'entrain.

Puis, il sortit. Le temps que l'infirmière reprenne ses esprits et sorte pour regarder dans le couloir sombre de l'hôpital. Evan Rosier avait disparu.

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