Hôpital Roper St Francis, Charleston, Caroline du Sud
"Viens regarde, c'est ton petit frère."Un jeune garçon de six ans pencha sa tête au dessus du landau de plexiglas pour y découvrir un bébé remuant. Ses cheveux blonds glissèrent lentement et avec élégance sur son crâne alors qu'il détailla celui qui allait maintenant partager sa vie. Il était assez vieux pour le comprendre et c'était pour cela que sa mère et son père, le regardait paisiblement, heureux. Il tenta de partager leur joie, mais les muscles du sourire se crispèrent sur son visage. Il n'était pas si content que ça de devoir prêter ses jouets, avoir moins de temps avec son père, avoir un petit dans ses pattes. Le petit babillait et s'agitait rose et bouffi dans son sommeil, qu'est-ce que ça serait une fois réveillé ?
Comme pour répondre à ses peurs, les lisses paupières du bébé frétillèrent pour révéler de petits yeux bleus similaires à ceux du garçon et de sa mère. Les pupilles cherchèrent dans le vague, l'esprit encore dans ses rêves, mais lorsqu'elles trouvèrent celles du garçon qui l'observait, elles s'arrêtèrent, le fixant avec un étrange intensité. Soudain, le nouveau-né explosa de rire en déformant les petits bourrelets de son visage, découvrant un énorme sourire sans dents. Ce rire se répandit chez chacun dans la pièce. L'infirmière, la mère, le père, pouffèrent et le jeune Damian ne put se retenir et explosa de rire à son tour.
"Comment il s'appelle ?" demanda-t-il alors que chacun reprenait son calme à l'exception du petit bébé.
"Jeremy." répondit la maman, comblée.
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"JEREMY !" cria Madame Skilton après le choc d'avoir retrouvé la cuisine de leur petite maison recouvert de peinture et de poudre. Son cri traversa toute la maison et sembla même résonner dans le voisinage. Un silence de plomb retomba et bientôt, il fut brisé par des petits pas précipités. Rapidement, le petit garçon suivit de son frère, arrivèrent sur les lieux du crime. Ils échangèrent un regard avec leur mère mécontente.
"Qu-qu'est-ce qui s'est passé ?" s'étonna l'adolescent avec une expression convaincante d'incompréhension. La maman sembla faiblir dans sa colère et son regard se porta alors vers le petit garçon blond qui se dandinait, silencieux mais ses yeux bleus agités. Il lui rendit son regard et se figea un instant, les lèvres tremblantes. Puis il explosa de rire.
Ça n'arrangeait pas son cas, mais il ne put se contrôler et comme d'habitude, son rire contagieux dérida les deux plus grands.
"Jeremy ! Pourquoi as-tu fait ça, il va falloir tout nettoyer maintenant !" se plaignit tout de même la mère par dessus les rires.
"Et Damian ! Ne crois pas que je ne sais pas que tu es mêlé ! Tu es sensé t'occuper de ton petit frère, pas l'encourager à faire des bêtises, tu as 16 ans déjà !" Damian ne put réfuter, plié de rire. En effet, il avait l'impression de redevenir un enfant avec son petit Jeremy, près à faire toutes les bêtises pour ds'amuser et près à essuyer toute punition avec le sourire. Oui, l'adolescent aussi se prenait des punitions mais finalement, s'amuser comme un gosse avec son petit frère valait toujours le coup.
"C'est mon frère ! Avec lui c'est plus drôle ! Ça sera encore plus drôle quand on pourra jouer avec Chloé !" Avec un soupir amusé et un sourire apaisé, sa mère caressa doucement son ventre ballonné.
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"Pourquoi Damian est jamais là ?" demanda la petite fille en remuant des joues garnies. Dans ses yeux et le ton de sa voix, la déception se sentait, mais elle disparu rapidement lorsque son grand frère sortit un bonbon de sa poche.
"Bah, il a du travail." répondit simplement Jeremy en lui tendant la friandise et en prenant une pour lui-même, sans parvenir à cacher qu'il était tout aussi déçu de passer de nouvelles vacances sans son grand-frère. Mais ce dernier allait maintenant à l'université et s'était installé dans son propre appartement. Bien qu'il soit toujours dans la même ville, il était trop occupé pour jouer avec son frère de 16 ans et sa petite soeur.
"Moi aussi n'ai du travail !" mâchouilla Chloé la bouche pleine de gélatine. Dans son petit manteau orange, elle se dandina jusqu'au bac à sable et commença un château avec beaucoup de concentration. Échappant un rire, Jeremy mit son casque de musique et sortit son carnet de notes où il griffonna des choses d'adolescent.
Comme le temps passe vite. Et il passa trop vite, sans que Jeremy ne s'en rende compte.
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"Je vous en supplie, elle n'a que 6 ans ! Si vous voyez notre petite fille, appelez-nous ! Nous donnerons tout ce que nous avons pour la récupérer."Malgré les pleurs, la mère de famille finit son discours, soutenue par l'étreinte encourageante de son mari. Les journalistes se confondaient dans un brouhaha de rapaces et les flashs d'appareils photo mitraillèrent la famille détruite qui se faisait reconduire à l'intérieur par un agent. Une fois à l'intérieur de la maison, le silence laissa aux Skilton de ressentir l'ampleur du vide que la petite Chloé avait laissé dans leur coeur. Madame Skilton s'écroula sur le canapé du salon toujours accompagnée par son mari, muet et grave. Jeremy s'arrêta quelques mètres après le perron, incapable de faire face à ses parents. Il ne l'avait pas surveillé et dans leur regard, il pouvait ressentir qu'elle lui échappait à nouveau. Damian, qui le suivait, le contourna sans un mot, sans accolade rassurante, et alla directement rejoindre sa mère pour lui tenir la main. Bien qu'il ne voulait pas le montrer, lui aussi en voulait à son frère d'avoir perdu leur petite soeur de vue. Alors, Jeremy resta à l'entrée de sa maison, comme un étranger, incapable de bouger ou de relever la tête.
Une main puissante se posa sur son épaule, et bien qu'elle soit lourde, la chaleur qu'elle propageait l’allégea assez pour qu'il relève la tête vers l'agent. Celui-ci ne parla pas et se contenta de le regarder et de presser doucement son épaule. La force et l'assurance de son regard hypnotisa presque l'adolescent qui ne le quitta pas des yeux. Cet homme était si fort qu'il avait l'impression que sa main lui transmettait son assurance. Ne pouvait-il être aussi fort ? S'il l'avait été, il n'aurait pas laisser sa petite soeur disparaître, il ne serait pas si honteux, il serait auprès de sa famille plutôt que de se mettre à pleurer silencieusement contre cet inconnu.
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"Ce n'est pas ma soeur." aurait-il voulu dire lorsqu'on lui présenta un petit cercueil de bois. La petite Chloé aimait les couleurs, les jouets et les bonbons, pas le bois laqué. Non, les tombes étaient pour les adultes, pas les enfants. Peut-être la chose était-elle plus facile à vivre dans le dénis, pourtant, Jeremy ne chercha pas à se voiler la face. En s'approchant du petit cercueil, il attrapa dans sa poche des paquets crissant. Avec douceur, il répandit sur le couvercle des sachets de bonbons que lui et sa soeur appréciaient partager lors de leurs journées de jeux. A la vue de ses propres offrandes, il eu un frisson. Sa soeur était morte et ne mangerait plus jamais ces bonbons.
Mais, il se retint de pleurer. Serrant la mâchoire, il se redressa et alla rejoindre sa famille. Comme tous les jours depuis la disparition de Chloé, M. Skilton et Damian Silton tenaient les mains de Mme. Skilton, agitée de sanglots. Jeremy ne s'assit pas à sa place aux côtés de son frère pour voir le cercueil descendre. Au lieu de ça, il s'agenouilla devant sa mère, et de ses deux mains, entoura celles de sa famille. La chaleur qui en émanait les fit frissonner et lorsqu'il osèrent enfin regarder leur second fils, celui-ci leur sourit tendrement.
Plus jamais il ne les décevrait. Plus jamais il ne les laisserait tomber. Il allait devenir un homme bon, le meilleur des hommes, sur qui sa famille pourrait toujours compter.
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"Bienvenue à tous, oui bienvenue parmi nous. Je voudrais vous remercier d'être venus aussi nombreux à cette soirée de rentrée de la F.B.I. Academy.
Vous êtes réunis tous ce soir pour la rentrée de nos chers étudiants. Chaque année, notre célèbre école accueille nos futurs agents venant de milieux et d'Etats différents qui ont pourtant tous un but commun, faire partie de la très sélective F.B.I. Academy qui forme les agents du F.B.I.."C'est par un grand sourire que Jeremy exprima son stress mais aussi sa joie. Bien que beaucoup faisaient des têtes d'enterrement pour faire plus sérieux ou pour imiter l'instructeur dont les traits du visage semblaient fais de fer, le jeune homme de 24 ans ne put cacher sa grande rangée de dent. Cette fois, c'était la bonne et il le savait. Il avait espérer faire quelque chose de bien en s'orientant dans des études universitaires de droit, en devenant avocat, mais un goût amer lui été resté dans le palet, sachant qu'il lui faudrait défendre les innocents comme les criminels. C'est donc dans les valeurs du F.B.I. qu'il espéra trouver une vision de la justice plus proche de la sienne, celle du bien.
Son portable vibra et dans le silence religieux qui régnait dans la salle, plusieurs regards se tournèrent vers Jeremy. Ce dernier se dépêcha de sortir le téléphone de sa poche, mais en découvrant le numéro, son visage rayonna.
"Oh excusez-moi, je ne peu pas ne pas répondre c'est... c'est pas copine et, et je l'aime, vous comprenez ?" balbutia-t-il sans être aucunement affecté par le regard pleins de reproches de l'intervenant.
"Oui ma puce, ça a commencé ! Il faut que j’éteigne mon portable je t'aime ! Oui je t'aime !"Il finit par raccrocher mais ce n'est pas gêné ou inquiet qu'il émergea de l'appel. C'est avec un sourire complètement béat qu'il fit signe pour que le cours reprenne.
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"Heureusement pour moi, j'ai appris à éteindre mon portable ! Je suis sûr que ça a fait au moins 40% de mon passage !" Tous s'esclaffèrent autour de la table en levant leur verre. Il y avait de quoi fêter après trois ans de dure formation. Ils pouvaient tous le dire à présent : ils étaient des agents du F.B.I.
"Fidélité, Bravoure et Intégrité !" s’exclama Jeremy et la devise résonna fièrement dans la gorge de chacun de ses camarades.
"Bon sinon, je ne veux pas gâcher notre petite soirée de fin d'année, mais je vais profiter de vous, de l'alcool et de la musique pour vous présenter Charlie Pepins." La jeune femme assise à ses côtés se leva timidement et salua le groupe qui la saluèrent avec excitation.
"C'est ta petite-amie ?" cria un complice du fond de la sale bien qu'il connaissait bien la réponse. Charlie acquiesça mais fut déstabilisée lorsque Jeremy réfuta d'un
"Non." sonore. Elle le regarda sans comprendre, mais celui-ci lui servit le plus grand de ses sourires devant lequel elle ne put pas se sentir inquiète. Lentement, Jeremy posa un genoux à terre et ouvrit un écrin de velours rouge pour découvrir une magnifique bague ornée de trois petits diamants.
"Charlie Pepins, veux-tu, ne plus être ma petite-amie, et devenir ma femme ?" demanda-t-il alors en levant ses yeux bleus vers ceux de la femme de sa vie. Le silence qui s'était installé dans le groupe d'agent du F.B.I. était tellement intense qu'on aurait cru entendre les palpitations des deux coeurs amoureux.
"OUI !" s'écria alors la jeune femme en déclenchant une explosion d'acclamations.
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"Je te vois plus que je ne vois ma femme, estime-toi heureux que je ne te parle pas d'avoir des enfants !" plaisanta Jeremy en sortant un grand sachet de sucettes du tiroir de son bureau et en fourant une dans sa bouche en quelques gestes experts. D'un haussement de sourcils, il en proposa à son coéquipier qui la refusa d'un geste de main habituel.
"Aah les enfants. C'est pas pour nous ça. C'est eux nos enfants !" répondit-il avec un sourire en tapotant la pile de dossier jaune.
"Je ne peux même pas en parler avec elle. Je sais jamais ce que je dis pour ça, mais ça finit toujours en engueulade. Et pour le peu de temps que je peux passer avec elle...""Tu vas rire mais j'ai longtemps cru que tu avais une gamine. Elisa non ? Tu m'en a parlé déjà plusieurs fois.""Après 6 ans dans le service, tu devrais mieux me connaitre non ? s'indigna-t-il faussement. Mais il regagna rapidement son sourire en pensant à Elisa.
C'est ma nièce. Je l'ai connu depuis sa naissance quand j'avais 16 ans. Je sais pas trop si c'est comme une fille ou une petite soeur pour moi, mais elle est bien marrante. Elle s'intéresse au F.B.I. tu savais ça ?" "Mon Dieu, si elle se ramène chez-nous, ça sera vraiment comme si on avait eu un gosse ensemble." les deux hommes s'esclaffèrent.
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"Tout va bien Damian ? Tu avais l'air étrange au téléphone. Quelque chose avec Elisa ? Elle est rentrée de San Fransisco, non ?" demanda alors Jeremy avant même de retirer son manteau mouillé par la pluie.
"Quoi ? Non, non Eli va bien. Non je voulais te parler." Debout au milieu du salon, l'homme de 40 ans ne cessait de se passer la main sur le visage. Alors qu'il passait bien moins de temps au travail et exerçait un métier bien moins stressant que celui de son frère, l'adulte semblait stressé, fatigué. Jeremy se délesta de sa veste, sa mallette et son arme avant de se diriger vers le bar.
"Ben dis-moi ? Assis-toi, tu veux quelque chose à boire ?""Chéri ?" appela une voix à l'entrée alors que Damian refusait le verre. Ce dernier se dressa, tel un animal prit au dépourvu. Dévisageant son frère d'un air intrigué, Jeremy cru bon de le rassurer.
"Ce n'est que Charlie, je l'ai appelé après ton appel, je lui ai dit que tu avais l'air mal." Mais la peur et la colère qu'il vit dans les yeux de son frère lui révéla que quelque chose n'allait pas.
Charlie arriva dans le salon avec un petit sourire crispé en remarquant l'attitude de Damian. Un silence s'installa ce qui mit Jeremy rapidement mal à l'aise. Il s'assit dans l'espoir de donner l'exemple, mais Damian resta droit comme un i, tout comme Charlie, qui n'avait pas bougé de la porte.
"Bon Damian si tu es venu pour parler, parle.A moins que tu sois seulement venu pour faire de l'oeil à ma femme !" pouffa l'agent en tentant de détendre l'atmosphère, mais celle-ci s'alourdit plus encore. Damian lança un regard plein de désespoir à son frère.
"Jeremy...""Tais-toi." le coupa Charlie d'un ton sec et acide.
"Charlie ?" questionna son mari qui ne reconnaissait pas ce ton. Il se retourna pour la découvrir plus tendue que jamais. Ses yeux fusillaient Damian avec une haine si forte qu'elle la rendait presque méconnaissable.
"Ma puce ?" insista-t-il mais il n’eut aucune réponse, aucun regard.
"Jeremy-" reprit Damian mais une fois de plus il fut coupé. Par un coup de feu.
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"Et qu'avez-vous fait ?" demanda l'avocat en l'incitant à continuer.
"Je l'ai désarmé." reprit Jeremy d'une voix enrouée en fixant le regard éteint de sa femme.
"Comme elle se débattait, je l'ai immobilisé à terre. Je... Je l'ai enfermée dans la réserve sous l'escalier et je suis allé voir Damian. J'ai appelé les secours et entamé une procédure de réanimation cardio-pulmonaire. Les secours sont arrivés 18 à 20 minutes après mon appel, Damian était déjà mort." Durant tout son témoignage, il n'avait quitté sa femme des yeux mais celle-ci s'obstina à fixer le sol.
"M.Skilton. Nous savons que votre femme vous trompait avec Damian Skilton, votre frère. Moins de deux heures avant sa mort, il vous a appelé.""Oui, il disait vouloir me parler." répondit fermement Jeremy sans ciller.
"Vous voulez dire que c'est lui, qui vous a donné rendez-vous chez vous ? Pourquoi pas chez lui ?""Sa fille était rentrée pour les vacances d'été, Charlie rentrait plus tard pour le boulot, il avait la clé de notre maison car il était plus disponible que moi au cas où Charlie aurait un problème." Dans sa voix, aucun regret, aucune amertume ne pouvait se sentir. Il se sentait coupable de n'avoir été là pour sa femme, mais cette culpabilité il l'avait ressentie chaque soirée tardive à devoir travailler au poste.
"N'est-ce pas plutôt vous, qui lui avez donné rendez-vous chez-vous ? Vous êtes agent du F.B.I., il n'est pas difficile pour vous de découvrir que votre femme vous trompe ! En découvrant que c'est avec votre propre frère, vous auriez pu vouloir le piéger chez-vous et vous venger." Le brouhaha des jurés s'éleva et le juge dû frapper de son maillet pour retrouver le calme. Dans ce court instant, Jeremy sentit la main de son avocat lui presser doucement le bras pour attirer son attention, mais celui-ci l'ignora.
"Non. C'est lui qui m'a demander de le retrouver chez-nous. Charlie a prit mon arme de service que j'ai déposé sur le buffet de l'entrée. Si elle n'avait pas tiré, il n'y aurait pas ses empreintes dessus, elle ne touchait jamais à mon arme." "Votre honneur, je crois que mon client à finit d'exposer sa version des faits. Je suis curieux à présent de savoir ce que madame Skilton a à nous dire." annonça alors l'avocat du témoin en se levant. Ayant l'autorisation du juge, il s'avança vers la barre en remplaçant son confrère. Avec douceur, il s'approcha de Charlie qui semblait toujours inanimée.
"Quelle est votre version des faits ?" demanda-t-il simplement et sans agressivité. Seul le silence lui répondit et troublé, il se retourna vers le juge, puis vers Jeremy. Si Charlie Skilton ne s'exprimait pas en sa défense, les efforts de son avocat ne suffiraient pas.
Mais peu importe la sentence, peu importe les accusations, Jeremy n'espérait que voir une once de vie derrière ces pupilles vertes qu'il aimait tant, un son de sa voix douce et chantante, quelque chose de sa femme.
"Ma puce ?" appela-t-il une dernière fois, suppliant.
Charlie sembla alors se réveiller, choquée par ce petit surnom qu'il l'appelait si souvent. Lentement, elle redressa la tête et avança d'un pas. Ses yeux verts fixèrent ceux de son mari, et d'une voix lente et sentencieuse elle annonça :
"J'ai trompé mon mari et j'ai tué son frère, mon amant, pour l'empêcher de parler."Les conversations explosèrent dans les jurés, l'avocat de la coupable s'exclama devant le juge, mais les deux amoureux restèrent silencieux, ne se quittant pas des yeux. Un coup sec sur le bois annonça la fin du procès.
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"Tu sais parfois le matin je me réveille et... Et la chaleur de la couette me donne l'impression que tu es là. Parfois le rideau bouge et j'ai l'impression que tu viens me rejoindre. J'habite même plus dans notre maison et ça me fait ça tu te rends compte ?" Avec un petit rire joyeux, il s'amusa avec le câble entortillé du téléphone. Il tenta de trouver le regard de sa femme, mais celle-ci le fixait sans le voir, l'expression vide.
"C'est un bon coin Quantico. Tu sais, j'ai pu retrouver les bars où on allait à la fin de mes cours, les petits parcs où on passait des soirées à boire avec les autres élèves, c'est assez marrant. J'ai trouver un bon appartement pas loin de l'académie, tu sais pour Elisa, et puis moi ça me rapproche pas mal de Washington." Autour, le brouhaha des autres conversations était assez bruyant. Les portes électroniques s'ouvrant et se fermant pour permettre aux prisonniers de venir au parloir émettaient une sonnerie agaçante. Mais calme et concentré, Jeremy arrivait à oublier tout ces bruits de fond et pensa même pouvoir entendre le souffle lent de sa femme, derrière la vitre blindée.
"Tu te souviens d'Elisa ? C'est ma nièce, la petite blonde trop maquillée avec des piercings." lui rappela-t-il sans avoir le coeur d'user des mots "fille de Damian".
"Elle te faisait rire. Elle nous fait tous rire. Je suis content de l'avoir avec moi, même si des fois ça me joue des mauvais tours. Arrête-moi si je te l'ai déjà dit, mais un matin, elle a eu la bonne idée de faire des pancakes, comme tu m'en faisais pour mes jours de congé. J'étais encore endormi mais quand j'ai sentis l'odeur, je me suis rué dans la cuisine en caleçon !" Il explosa d'un rire léger en se rappelant la situation comique et le regard de surprise de sa nouvelle colocataire.
"Enfin, je m'attendais pas à ça quand Damian m'a demandé d'être parrain. Je voulais les jeux, le fun, mais bon, il faut avouer qu'il n'y a pas que ça chez les enfants. Heureusement qu'on en a pas, j'ai un peu de mal avec Elisa, alors qu'elle est bien assez grande pour s'occuper d'elle-même. Tu sais les horaires tout ça... J'ai du mal à ne pas m'inquiéter pour elle." Un mèche de cheveux glissa de l'oreille de Charlie et Jeremy dû arrêter son geste avant de se cogner sur la vitre. Avec un sourire triste, il comprit qu'il ne pouvait pas glisser dans les cheveux de sa femme et soudain, il sembla se rendre compte de l'endroit où ils se trouvaient.
"Bon, eh bien je vais te laisser, on est sur une grosse affaire et va y avoir un peu de monde sur la route. Prends soin de toi, tu m'as l'air fatiguée. Il ne faudrait pas que je commence à m'inquiéter pour toi aussi, je deviendrais complètement insupportable !" Il ria une dernière fois avec de conclure leur "conversation" par un petit sourire. Avec délicatesse, il reposa le combiné orange et se leva. Il fit signe au garde pour signifier la fin de sa visite et contre sa main, il déposa un baiser imaginaire sur la joue de sa femme qui s'en alla. La prochaine fois, elle décrochera le combiné.
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