Allongé sur les gradins du stade de Quidditch, Sirius restait calme et silencieux. Seules ses paupières ouvertes découvrant ses yeux gris témoignait qu'il ne dormait pas. Sa poitrine se soulevant et s'abaissant lentement et régulièrement montrait elle que l'adolescent était perdu dans des pensées très lointaine.
D'ordinaire, lorsque les tracas ou les tourments venait assaillir son esprit, Sirius prenait rapidement la fuite vers la forêt interdite pour faire taire toute réflexion inutile dans son cerveau de chien. Aujourd'hui, pour une certaine raison, c'était différent. Il s'était passé beaucoup de choses dernièrement et à force de fuir, l'Animagus se surprit lui même à être lassé de ses escapades sauvages. Il était donc venu sur les gradins.
Sirius appréciait beaucoup ce lieu plutôt commun car avec le temps, il avait prit une certaine signification. Il venait là lorsqu'il venait voir James faire ses exploits de Quidditch ou simplement pour attendre que son meilleur ami termine l'entrainement. Remus profitait souvent de ce "temps calme de Maraudeurs" pour se plonger dans ses devoirs sans être embêté et Peter avait du mal a rester immobile bien longtemps et s'en allait lui aussi de son côté. Ici, le jeune Black avait un temps pour lui, sans présence féminine pour l'ennuyer, ni de petits gamins pour le suivre, seulement le bruit lointain des balais et le passage occasionnel de James qui lui faisait une grimace de son balai. Aujourd'hui il n'y avait personne, mais le lieu et les souvenirs suffirent à rassurer Sirius assez pour que la solitude ne le gêne pas.
Il soupira et sentant ses paupières se faire lourdes, il les ferma un court instant. Il ne s'autorisa pas à s'endormir comme un moins que rien sur des gradins en plein milieu de la journée, alors pour rester éveillé, il sortit un petit objet de sa poche. Deux morceaux de bois reliés par un morceau entortillé de métal. Si on pose ses doigts du bon côté, les morceaux de bois s'écartent lorsqu'on appuie, mais le mécanisme étrange oppose une pression pour que l'objet reprenne sa disposition habituelle. Une pince à linge.
D'un air distrait, Sirius joua avec l'objet moldu en s'imaginant que l'objet était une petite tête et ses morceaux s'écartant étaient comme des lèvres qui parlaient. L'esprit un peu endormit de Sirius imagina tout d'abord des glapissement de gnomes, puis des mots.
- C'est moche. Et ça sert à rien. C'est moche et ça sert à rien, pourquoi vous faites ça ?
- Ca sert à quelque chose, ça sert à pincer le linge ducon ! D'où le nom ! C'est ce que je t'explique depuis tout à l'heure mais t'écoute pas.
- Pourquoi pincer le linge ? Ca fait des plis. Ils sont cons les moldus ! T'es sûr que c'est pas une tête de canard moche ? Regarde, map map.
- C'est toi le con !
Sirius eu un petit sourire à ce souvenir. Il n'avait toujours pas comprit pourquoi les moldus trouvaient nécessaire de pincer leur pauvre linge, mais l'objet faisait une très bonne tête d'Amy grognonne. L'amusement et la nostalgie le gagna quelques instants avant que le jeune homme se rappelle qu'il n'avait plus de quoi sourire. Pas concernant Amy Loreens. Coupé et gêné, Sirius se dépêcha de ranger le petit objet dans sa poche comme si le cacher cacherait aussi tous les soucis qu'Amy représentait pour lui. Ce fut trop tard cependant et des images et des mots lui revinrent en mémoire sans qu'il n'ait besoin de pince à linge pour mimer ses propres lèvres. "Sang-de-bourbe", ce terme lui donnait la nausée rien que d'y penser, comment avait-il pu le prononcer, et à Amy ? Il se passa une main sur le visage en soupirant.
Le Gryffondor avait entendu dire qu'après son passage, Amy avait même finit à l'hôpital, ce qui ne lui avait pas donné plus de courage pour aller lui reparler, et plus le temps passait, plus la distance entre eux semblait s'agrandir. Que faire ?
L'adolescent ne trouva pas la réponse tout de suite et ce parce qu'un petit gloussement vint attirer son attention. Sirius fut d'abord contrarié qu'une autre personne vienne dans son lieu de tranquillité. A la tonalité fluette de la voix, il cru qu'une petite admiratrice venait l'observer et le DonJuan n'était définitivement pas d'humeur à faire le DonJuan justement. Mais c'était un jeune élève qui avait gloussé et au vue de son gros chaudron, il n'était pas là pour le Gryffondor. Le jeune homme observa le garçon un instant, intrigué et curieux de savoir pourquoi un élève déciderait de faire une potion ici et maintenant. Il le vit suivre les instruction de son manuel avec concentration, mais son petit sourire goguenard indiquait bien au Maraudeur qu'il ne s'agissait pas là d'une potion qui concernait les cours de Poudlard. Sirius eu un petit sourire lui aussi en se rappelant les maintes heures passées avec les Maraudeurs à concocter les pires potions ou les plus originales.
Replongé dans ses souvenirs joyeux, l'Animagus s'allongea à nouveau et observa le vaste ciel. Une explosion vint le sortir de ses pensées rapidement ainsi que le petit cri de l'élève. Sirius ne sentit rien lui tomber dessus et lui ronger la peau, alors après s'être assuré du coin de l'oeil que le gamin ne s'était pas désintégré, il laissa échapper un petit rire.
- Amateur. marmonna-t-il mais avec tendresse en se rappelant aussi tous les magistrales ratés qu'ils avaient eu.
Sirius ne s'attendit pas à ce que le jeune garçon fasse appel à lui pourtant et c'est avec une petite surprise qu'il sentit une main tirer doucement sa manche. Poliment, l'adolescent se releva pour faire face à son interlocuteur, aussi jeune soit-il et l'écouta. Il fut intrigué à la mention de James. Depuis quand lui envoyait-il des gamins à babysitter ? Son ami savait pourtant très bien que d'eux deux, Sirius n'était définitivement pas celui à qui on confiait des enfants. Enfin, James avait aussi ses mystères.
- Je te dirais déjà que faire une potion dehors est une idée très étrange. La température, le vent, tout est trop inconstant pour que tu contrôle ton feux et l'état de ta potion. C'est assez... élémentaire. En quelle année est-tu ? demanda Sirius sans volontairement paraitre un peu hautain.
Témoignant tout de même sa bonne volonté, Sirius approcha du désastre et d'un sort de Recurvite il nettoya la potion renversée. D'un nouveau coup de baguette, il ordonna un peu les affaires, livre et ingrédients autour du chaudron qu'il redressa. Il observa un instant de ses yeux clairs avant de se retourner vers le jeune Serdaigle.
- Une potion d'Enflure, hein ? Pardon petit mais bien que je ne balancerais pas à Greyson, je ne t'aiderais pas à embêter un de mes camarades. dit-il avec un sourire mais un ton quelque peu sévère en comprenant à tord que la cible du petit était le Gryffondor de leur promotion.