Il eu un plaisir malsain et silencieux à l'observer approcher sa proie avec un calme menaçant. En cet instant, elle était la tigresse qui savait le faire hurler et lui faire perdre la tête. C'était plutôt logique sachant qu'elle réservait justement ce programme à la chère Sharon Rosier.
Toujours adossé au mur et bras croisé, il témoignait clairement d'une attitude passive. Cette histoire ne le concernait pas, ou du moins, c'est ce qu'il préférait penser. Zoya allait s'amuser avec son morceau de viande et lui serait sûr de ne pas en manquer une miette. Tous deux n'étaient pas non plus ignorants de ce qu'un tel épisode promettait au futur. Une bonne baise dans le sang.
Il eu un sourire amusé en l'observant traîner la femme par ses cheveux comme la moins que rien qu'elle était à ses yeux. Pas de magie, tout dans les muscles, la chair, les os et les tendons. Un plaisir que Saïd connaissait et chérissait depuis toujours.
Il pouvait voir la colère que produisait l’humiliation de se faire tirer par les cheveux, de se faire traîner au sol, d'être prisonnière de son simple corps et de sa propre demeure. Saïd n'avait pas autant de pensée lorsqu'il s'occupait de quelqu'un et il ne pu qu'admirer le prodige de cruauté.
Mais Sharon exprima bien une pensée que Saïd gardait pour lui au fond de son esprit. Si la bonne femme s'était mariée avec Evan Rosier, ce n'était sûrement pas la pire chose qu'elle avait pu vivre.
Saïd s'était toujours demandé quel genre de femme pouvait vouloir vivre sa vie avec une telle vipère. Maintenant qu'elle se trouvait devant ses yeux, haineuse et apeurée de son défun mari, l'hypothèse que ce choix n'avait jamais été le sien se confirmait lentement.
Trop perdu dans le souvenir d'un homme qu'il avait autrefois appelé "ami", un homme avec qui il avait combattu et tué, un homme avec qui il partageait le goût pour la puissance, la violence et la haine, Saïd se détourna un instant du petit jeu de Zoya. Sharon en profita pour se réfugier dans sa cuisine, se protégeant d'un vulgaire sort de bouclier. La magie semblait presque laide à côté de la violence et du sang qu'avait promis Zoya.
En sécurité derrière son petit voile brillant, la femme en profita pour leur cracher son venin à la figure. Saïd n'y fit aucunement attention, ou du moins il en avait l'intention jusqu'à ce que son nom vienne sur la table. Il avait toujours eu tendance à ne pas supporter qu'on le mentionne par son vrai nom à la légère et bien que son intolérance s'était calmée sur ce point avec le temps, cela ne manqua pas de l’interpeller. Ses yeux mordorés vinrent se planter sur le visage de la ménagère. Bien trop de mots dans cette bouche.
Le bouclier explosa et Saïd aperçu juste à temps la lame de cuisine qui volait en direction de son visage pour l'éviter. Il sentit néanmoins le couteau lui entailler un peu la pommette.
C'est assez lentement que l'homme se retourna vers l'arme qui s'était plantée juste derrière lui. Avec précaution, il saisit la poignée du couteau et l'arracha du mur. Un rictus anima ses lèvres une micro-seconde. Zoya seule put voir que c'était trop tard.
En un instant, Saïd se trouvait sur le comptoir de la cuisine. D'une poigne puissante, il saisit la tête de la femme et la fracassa une première fois sur le rebord froid du comptoir. Une deuxième fois, il plaqua sa tête et vint l'immobiliser en l'écrasant avec son genoux. Une main vint se fourrer sans délicatesse dans sa bouche, agrippant la langue de la femme.
Du couteau qu'elle avait osé lui lancer, il la lui coupa d'un geste vif.
Le sang gicla, la femme hurla, ne déclenchant chez Saïd qu'un grand sourire de satisfaction. Finalement il n'aurait pas pu rester en retrait très longtemps. Il sembla néanmoins se rendre compte de son impolitesse et se retourna vers Zoya avec une moue désolée.
- Je sais pas si tu voulais qu'elle te raconte des trucs. Mais bon. Au moins elle peut encore crier.Avec un petit sourire espiègle, il descendit du comptoir et rejoins Zoya pour lui tendre son trophée. Lui déposant la langue chaude dans la main, il en profita pour lui voler un baiser langoureux. Pour s'excuser d’abord d'avoir entamé son morceau de viande, mais aussi pour profiter de ce que eux avaient encore : leur langue.