A frown upside down is a smile

When I went down to the river to pray,
Studying about that good ol’way
And who shall wear the starry crown ?
Good Lord ! Show me the way.

O brothers lets go down
Lets go down, come on down
Come on brothers lets go down
Down in the river to pray !

La petite chanson joyeuse du mécano fit écho dans la petite forêt grise dans laquelle il se promenait gaiement. Mâchouillant doucement sur un bout de bonbon de gélatine rouge, Monsieur semblait en simple balade comme au temps où la Terre n’était pas foulée par les morts. Et ce n’était pas bien différent dans son esprit, à l’exception de quelques rencontres routinières où au lieu d’échanger une poignée de main et un sourire courtois, il devait enfoncer son tournevis dans le crâne de sa nouvelle rencontre.
Alors que beaucoup trouvaient sécurité et réconfort dans les quelques vestiges de civilisation, Lincoln, lui, avait fait des forêts et parc naturels d’Ecosse donc terrain de jeu privilégié. Fuyant la folie des hommes aliénés par la peur, il n’allait que très rarement faire ses emplettes en ville à la recherche des dernières vivres encore cachées dans les placards des maisons abandonnés.
C’était pour des moments comme celui-ci, d’insouciance et de petits bonheurs que Lincoln avait survécu jusqu’à aujourd’hui. Pour lui, à quoi bon vivre, si ce n’était pour ne pas en profiter un minimum ?

When I went down to the river to pray,
Studying about that good ol’way
And who shall wear the robe and crown ?
Good Lord ! Show me the way.

Chantonnait-il sans se soucier de l’attention qu’il pouvait attirer. Il n’y avait que très peu de gens qui se sentaient à l’aise dans le dédale désordonné des arbres. Les quelques rôdeurs paresseux étaient bien moins dangereux que les hordes qui s’amassaient dans les villes. Tant qu’il gardait l’oeil ouvert et attentif, le jeune homme ne se faisait pas de souci.

O brothers lets go down
Lets go down, come on down
Come on sinners lets go-

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque soudainement, il sentit son pied se faire happer. Il cru d'abord à un rôdeur caché derrière un arbre mais en se sentant se faire tirer vers le haut il eu un peu plus de mal à comprendre ce qui lui arrivait. Quelques secondes la tête en bas lui permit de voir la corde attachée à l’une de ses chevilles et de comprendre qu’il s’était fait prendre comme un simple lévrier.

La peur lui crispa l’estomac mais il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire nerveux devant le comique de la situation. Ayant toujours sa fidèle ceinture de mécanicien autour de la taille ainsi que ses outils, il attrapa un petit couteau de poche et tenta de faire travailler ses abdominaux pour lui permettre de couper la corde.
Mais plusieurs jours de marche et une nutrition qui laisse tout de même à désirer eut raison de ses efforts et il se laissa retomber pour reprendre son souffle.

- Down to the river to pray… finit-il d’un ton un peu morose.

Qu’allait-il lui arriver s’il ne parvenait pas à se détacher ? Celui qui avait posé le piège allait sûrement venir vérifier ses prises et ses intentions envers les promeneurs n’était pas garanties. S’il le voulait, il pourrait abattre Lincoln avant même qu’il ne touche à nouveau le sol. Pire encore, le chasseur pouvait ne jamais venir ou être mort et là, Lincoln n’aurait que le temps comme bourreau.

Tentant de ne pas se laisser aller à la panique, Lincoln reprit ses esprits tenta une nouvelle fois d’atteindre la corde mais chacune de ses tentatives puisaient dans des réserves d’énergie qu’il n’avait pas. Il se laissa retomber une nouvelle fois. Les minutes passèrent.

Lincoln commençait à envisager la possibilité qu’il devrait se couper la jambe pour se défaire du piège lorsqu’un bruit de pas se fit entendre en bas. Le mécano eu un petit sourire de soulagement, si c’était un rôdeur, il pourrait peut-être tenter de l’attirer assez prêt et s’y accrocher pour qu’il le tire jusqu’à ce que la corde cède… Mais le plan foireux s’évanouit dans son esprit lorsqu’il reconnu une cadence différente que celle lente et traînante des morts.

- Ne me mangez pas s’il vous plait ? Appela-t-il d’un ton un peu incertain.